Et pourquoi c’est une vraie question de dirigeant
On parle beaucoup de souveraineté numérique.
Mais commençons par le commencement : savez-vous réellement où dorment les données de votre entreprise ?
Pas l’adresse marketing du fournisseur. Pas le « chez Microsoft, dans le cloud ».
Non, je parle de la localisation réelle, du niveau de contrôle, des flux entre services, et surtout de la capacité à les déplacer, protéger ou effacer à la demande.
PME, ETI : aveugles sur leur patrimoine numérique
Dans beaucoup d’entreprises que je croise, c’est le flou artistique.
On a « une sauvegarde quelque part », « un outil RH qui tourne en SaaS », « une solution compta dans un cloud privé ». Et à la question : « Où sont vos données, physiquement ? Qui y a accès ? », les regards se perdent.
Il ne s’agit pas d’accabler. Le sujet est techniquement complexe, souvent mal documenté, éclaté entre plusieurs prestataires. Mais cette méconnaissance chronique a un prix.
Pas de souveraineté sans visibilité
Ce flou ne concerne pas que les DSI. Il désarme les dirigeants au moment de prendre des décisions critiques :
- Changer de prestataire ? Impossible sans savoir ce qu’on héberge et où.
- Répondre à un audit RGPD ? On joue à la devinette.
- Se protéger contre une attaque ? On ne sait même pas ce qu’il faut sécuriser.
Et c’est là que la souveraineté numérique prend une autre dimension.
Ce n’est pas une posture politique, ni un vœu pieux européen. C’est un levier de résilience opérationnelle, de compétitivité, et même de continuité d’activité.
Changer de prestataire devient un casse-tête
Prenons un exemple concret : une PME souhaite quitter un hébergeur devenu trop cher ou peu fiable.
Première question logique : « Que faut-il migrer ? ».
Et là, blocage.
Aucune cartographie précise. Des dépendances oubliées. Des modules custom intégrés par un prestataire tiers il y a 4 ans. Et parfois même, des contrats verrouillants l’accès aux données.
Résultat : l’entreprise reste piégée. Prisonnière d’un fournisseur, faute de connaissance claire de son propre système.
Les géants du cloud, maîtres des clés
Pendant ce temps, les hyperscalers comme Microsoft, Google ou AWS s’installent confortablement dans nos environnements numériques.
Avec leur promesse de performance, de scalabilité, de simplicité.
Mais attention à la contrepartie : les données passent sous juridiction étrangère, les accès sont centralisés dans des structures opaques, et la dépendance devient systémique.
Même lorsqu’ils implantent des datacenters en Europe, la question reste entière : qui contrôle quoi ?
Et surtout : à quel moment les entreprises auront-elles la capacité réelle de reprendre la main ?
Salesforce et Slack : la souveraineté sous condition
Exemple parfait de cette illusion de contrôle : Salesforce.
Sous le slogan « Vos données ne sont pas notre produit », la firme semble vouloir rassurer.
Mais dès le 29 mai, elle a changé les règles de Slack : plus aucune application tierce, même interne, n’a le droit de conserver les messages. L’accès est temporaire, suivi d’une suppression obligatoire.
Traduction ? Même les entreprises ne peuvent plus utiliser leurs propres messages pour entraîner des IA.
Elles perdent donc la souveraineté sur leurs propres données, dans un outil qu’elles financent.
La visibilité comme point de départ
Bonne nouvelle : pas besoin d’attendre une réforme européenne ou une startup miracle pour agir.
Tout commence par une cartographie claire.
Savoir :
- Quelles données vous avez
- Où elles sont stockées
- Qui y accède
- Quelle est leur sensibilité et leur criticité
Avec ces informations, vous pouvez enfin poser les bases d’une gouvernance cohérente.
Faire des choix éclairés : ce qu’on garde sur site, ce qu’on externalise, ce qu’on chiffre, ce qu’on redondantise.
Et surtout, préparer l’avenir sans subir.
Dirigeants : prenez le contrôle, vraiment
La souveraineté numérique n’est pas qu’une affaire d’État ou de grands groupes.
C’est aussi votre responsabilité, à votre échelle.
Car en 2025, les données sont votre valeur, votre risque, et votre moteur de croissance.
Ignorer où elles dorment, c’est avancer les yeux fermés sur une route semée d’obstacles.
Alors posez la question, dès demain matin :
« Peut-on me montrer une carte de toutes nos données, et des endroits où elles vivent vraiment ? »
Et si la réponse est floue… c’est qu’il est temps d’agir.
5 actions simples pour les dirigeants, dès maintenant :
- Demander un audit interne de la localisation des données.
- Identifier les fournisseurs critiques et leurs obligations légales.
- Exiger une cartographie des flux de données (entrant/sortant).
- Définir les données stratégiques à conserver en local.
- Mettre en place une politique claire de sortie de prestataire avec portabilité des données.
Nos prestations DSI par Abonnement vous redonnent le contrôle de vos données et de votre avenir.