Comment Anticiper et Surmonter la Disparition d’un Fournisseur IT : Stratégies Essentielles pour les PME

Avec plus de 46 000 entreprises en défaillance en France depuis le début de l’année, dont 17 % dans le secteur de l’information et des technologies, il devient impératif pour les Directions des Systèmes d’Information (DSI) de se préparer à des crises imprévues. Mais qu’en est-il lorsque la technologie, moteur de la transformation numérique des entreprises, est directement menacée par ces faillites ?

La défaillance des fournisseurs technologiques : un défi stratégique pour les PME

La disparition d’un fournisseur, un scénario catastrophe

Imaginez : votre entreprise repose sur un fournisseur clé, et du jour au lendemain, celui-ci met la clé sous la porte. C’est un véritable cauchemar pour les PME. Perte de données, interruptions de service, migration forcée vers de nouvelles solutions… Les impacts sont colossaux.

Prenons l’exemple d’une jeune société comme Olive AI, spécialisée dans l’automatisation des tâches administratives pour le secteur de la santé, qui a levé des fonds impressionnants avant de tomber en faillite. Que deviennent les entreprises qui avaient misé sur cette technologie ? Ce scénario est tout sauf exceptionnel. Selon Carta, les faillites de startups technologiques ont bondi de 58 % au premier trimestre 2024.

Cette instabilité met les PME dans une position délicate, en particulier lorsque la technologie concernée est critique pour l’infrastructure ou les opérations de l’entreprise.

Un cout exorbitant pour l’entreprise

Une telle défaillance entraine des couts faramineux. À commencer par les interruptions de service, qui peuvent impacter directement la livraison des produits ou services, jusqu’à la migration forcée vers une nouvelle solution.

Pire encore, il est possible que les données soient compromises, ou que leur récupération devienne un casse-tête juridique et financier. Comme le souligne Rafael García del Poyo, avocat spécialisé en IT, cela peut entrainer une cascade de ruptures de contrats et des litiges en chaine. L’image de l’entreprise en pâtit, les relations clients sont fragilisées, et les dépenses imprévues s’accumulent.

Raquel, responsable informatique de dans une biotech, a déjà fait face à de telles situations. Elle raconte comment elle a dû rapidement migrer vers une autre plateforme après que l’un de ses fournisseurs d’applications critiques pour les hôpitaux a cessé son activité. Grâce à une stratégie de diversification de ses datacenters, elle a pu minimiser l’impact de la fermeture d’un datacenter racheté par une autre entreprise. Mais tout le monde n’a pas cette capacité à réagir aussi vite. Pour beaucoup, l’impact d’une telle défaillance est synonyme de chaos.

Anticiper la crise, le meilleur rempart

Dans ce contexte, l’anticipation est la clé. Il est essentiel pour une PME de ne jamais se reposer entièrement sur un seul fournisseur. Diversifier ses partenaires, établir des clauses de continuité dans les contrats, maintenir des plans de secours en place, autant de stratégies indispensables pour se prémunir contre une telle débâcle.

Voici une liste des points clés pour anticiper la disparition d’un fournisseur IT :

  1. Diversification des fournisseurs : Ne pas dépendre d’un seul fournisseur, mais diversifier les partenaires technologiques pour réduire les risques.
  2. Évaluation continue des fournisseurs : Surveiller régulièrement la stabilité financière et la performance des fournisseurs, en tenant compte de signes avant-coureurs de difficultés.
  3. Clauses de continuité des activités dans les contrats : Inclure des clauses spécifiques pour garantir la continuité des services en cas de défaillance d’un fournisseur.
  4. Plans d’urgence et de sortie : Élaborer des plans de reprise après sinistre et des scénarios de sortie pour gérer la migration rapide vers une alternative en cas de problème.
  5. Sauvegarde des données : Mettre en place des stratégies de sauvegarde régulières et sécuriser afin de protéger les données critiques.
  6. Compatibilité multiplateforme : Utiliser des technologies standards compatibles avec plusieurs fournisseurs pour faciliter la migration en cas de défaillance.
  7. Surveillance proactive des services : Maintenir un système de suivi et de contrôle des services fournis pour détecter rapidement toute interruption ou baisse de qualité.
  8. Audits réguliers des fournisseurs : Conduire des audits techniques et financiers réguliers pour s’assurer que les fournisseurs respectent les normes et continuent de répondre aux exigences.
  9. Communication ouverte avec les fournisseurs : Maintenir un dialogue constant avec les fournisseurs pour être informé des éventuels problèmes techniques ou financiers.
  10. Documentation et processus clairs : Tenir à jour une documentation détaillée des processus, configurations et contrats, facilitant ainsi la transition en cas de défaillance.
  11. Plans de reprise d’activité (PRA) : Assurer la mise en place d’un PRA solide pour garantir la continuité des services critiques.
  12. Accords sur le niveau de service (SLA) : Insérer des SLA dans les contrats avec des pénalités en cas de non-respect, pour garantir un engagement de performance et une protection en cas de défaillance.
  13. Tests réguliers des plans de secours : Simuler des scénarios de défaillance pour tester et valider l’efficacité des plans d’urgence et de migration.

En suivant ces points, les PME peuvent mieux se préparer à une éventuelle défaillance d’un fournisseur IT et minimiser les impacts sur l’entreprise.

L’une des missions du DSI à temps partagé est d’analyser la situation de la PME et d’envisager des scénarios simples de résilience.

Si vous n’avez pas eu le temps de préparer

Lorsque vous apprenez la nouvelle, il est primordial de raisonner en termes de processus et pas de logiciel. L’une des raisons est qu’il est possible de remplacer un logiciel par plusieurs solutions qui sont complémentaires et qui communiquent entre elles.

Vous devez agir sitôt que vous avez connaissance de la disparition d’un fournisseur IT :

  1. Activation des clauses de continuité : Mettre immédiatement en œuvre les clauses contractuelles prévues pour garantir la continuité des services, comme la reprise de l’activité ou la migration vers un fournisseur alternatif.
  2. Évaluation rapide de l’impact : Analyser l’impact de la défaillance sur les services critiques de l’entreprise, afin de prioriser les actions nécessaires pour minimiser les interruptions. Cette évaluation va mettre en évidence les processus impactés par la disparition de votre partenaire.
  3. Recherche de solutions alternatives : Identifier rapidement des solutions ou des fournisseurs alternatifs pour remplacer les services défaillants, en s’appuyant sur un sourcing diversifié déjà préparé.
  4. Migration rapide des services : Si possible, commencez immédiatement le processus de migration vers une nouvelle plateforme ou un autre fournisseur pour éviter une interruption prolongée des opérations.
  5. Protection des données : S’assurer que les données critiques, stockées chez le fournisseur défaillant, sont protégées, sauvegardées et récupérées si nécessaire, pour éviter toute perte de données sensibles.
  6. Communication interne et externe : Informer les équipes internes, les utilisateurs et les clients des perturbations éventuelles, tout en maintenant une communication transparente sur les étapes de la reprise des services.
  7. Gestion des contrats et des litiges : Entamer rapidement les procédures juridiques si des sommes sont dues par le fournisseur ou s’il existe des clauses d’indemnisation pour rupture de contrat.
  8. Collaboration interdépartementale : Travailler en étroite collaboration avec les équipes juridiques, financières, opérationnelles et IT pour coordonner les actions nécessaires et minimiser les impacts sur l’entreprise.
  9. Activation des plans de reprise d’activité (PRA) : Déployer le PRA pour restaurer les services critiques et assurer la continuité des opérations.
  10. Gestion de la réputation : Prendre des mesures pour protéger l’image de l’entreprise en minimisant les retombées médiatiques et en rassurant les clients et partenaires sur la gestion de la situation.
  11. Négociation avec les partenaires : Si la disparition concerne un revendeur, négocier directement avec le fournisseur principal pour garantir la continuité des services ou un transfert des contrats. Parfois le fournisseur pourra vous orienter vers un autre partenaire.
  12. Renforcement des mesures de sécurité : S’assurer que tous les données et systèmes concernés par la transition restent sécurisés et conformes aux règlementations en vigueur (comme le RGPD).
  13. Leçons tirées : Une fois la crise surmontée, évaluer les mesures mises en place, identifier les points à améliorer et renforcer les stratégies de résilience pour éviter que ce type de situation ne se reproduise.

Ne pas confondre rapidité et précipitation : dans cette liste je vous propose d’agir rapidement, sans perdre de temps. Cela signifie de prendre le temps de la réflexion et de la consultation de plusieurs solutions et pas de se jeter sur la première offre disponible.

En suivant ces étapes, une PME accompagnée d’un DSI à temps partagé peut mieux gérer la disparition d’un fournisseur IT et réduire au maximum les impacts négatifs sur l’activité de l’entreprise.

Le défi pour les dirigeants : rester réactif

Pour les dirigeants, la défaillance d’un fournisseur n’est plus une possibilité lointaine, mais une réalité bien présente. L’agilité de l’entreprise dépend directement de la capacité de la DSI à anticiper et réagir rapidement. Un dirigeant qui ne soutient pas sa DSI dans cette stratégie d’anticipation court un risque immense. Il est temps de challenger ces stratégies, de mettre en place des audits réguliers, de revoir les contrats avec les fournisseurs et de s’assurer que chaque décision prend en compte la possibilité d’une défaillance.

Alors, dirigeants, êtes-vous réellement prêts à affronter la disparition soudaine d’un de vos fournisseurs stratégiques ?

anticiper est l’arme ultime

Les défaillances d’entreprises technologiques sont de plus en plus fréquentes, et leur impact sur les PME peut être dévastateur. Entre la perte de données, la migration forcée, et les litiges, les couts peuvent rapidement devenir incontrôlables. Se préparer à ces crises, diversifier ses fournisseurs et maintenir des plans d’urgence en place sont des impératifs pour assurer la résilience à long terme de l’entreprise. Dirigeants, il est temps de prendre ces menaces au sérieux et d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

PS1 : Le rachat d’un fournisseur même combat

Lorsqu’un fournisseur IT est racheté par un concurrent, les conséquences pour les entreprises clientes peuvent être brutales.

Le scénario classique ? Le nouvel acquéreur modifie les conditions de service, voire arrête totalement certaines offres. Vous avez misé sur une technologie spécifique ?

Lorsque Broadcom a racheté VMware, de nombreuses entreprises clientes ont été prises de court. Ce type d’acquisition peut radicalement changer les règles du jeu pour une PME.

En effet, lorsque l’acquéreur est un concurrent, des décisions stratégiques peuvent entrainer la suppression ou la modification des services existants. Avec Broadcom, des inquiétudes ont rapidement émergé quant à une hausse des prix ou la suppression de certains produits phares de VMware.

Les entreprises utilisant ces solutions se retrouvent souvent dans une position délicate : continuer avec des conditions moins favorables ou entamer une migration couteuse vers un autre fournisseur.

La disparition d’un fournisseur suite à un rachat met en lumière la nécessité d’anticiper. Diversifier ses partenaires technologiques, intégrer des clauses de sortie dans les contrats et établir des plans de migration sont essentiels pour limiter les impacts. En cas de rachat, la réactivité est primordiale pour ne pas voir ses opérations compromises.

PS2 : Les fournisseurs d’IA en attente de rentabilité

Les fournisseurs d’IA sont au cœur d’un écosystème fragile, où les investissements massifs peinent à se traduire en rentabilité immédiate.

Avec des attentes de 600 milliards de dollars de revenus annuels, l’industrie semble prise dans une course contre la montre.

Certains experts craignent même l’émergence d’une « bulle IA », comparable à celle de l’internet dans les années 2000, où des promesses surévaluées ont éclaté, laissant des entreprises en ruine.

Aujourd’hui, malgré les milliards investis, les ventes stagnent et les entreprises peinent à justifier ces dépenses colossales. L’intégration de l’IA dans les smartphones ou les outils professionnels, bien que prometteuse, ne génère pas encore les retours escomptés.

Le danger pour les entreprises dépendantes de ces technologies est clair : elles risquent de se retrouver avec des solutions couteuses, mais non rentables à court terme, augmentant le risque de disparition des prestataires en cas d’éclatement de la bulle.


Tags

cybersécurité, DSI, plan de reprise


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